Réflexions sur la notion d’hospitalité


Durant ce semestre, nous nous sommes plus particulièrement intéresser à la notion d’hospitalité. Qu’est-ce que cette dernière veut dire ? Celle –ci vise avant tout et pour reprendre les dites de Pierre Cavalié cela revient à « des actions d’accueil et de protection d’étrangers, dits « sans-papiers », sur la base de simples principes d’humanité », sans pour a autant tomber dans le travers du paternalisme une nouvelle fois. Mais alors, pourquoi cette volonté d’accueillir les migrants, quelle est la raison prépondérante à cet engagement. Il s’avère que c’est bel et bien l’aspect humain qui prime en ce sens que pour reprendre les termes de l’article : « les droits qui concernent la dignité de vie des personnes, doivent passer avant ceux qui concernent les biens matériels, tout simplement parce que dans l’ordre éthique, l’humain a plus de valeur que les biens matériels et l’argent » et même dans le cadre de l’engagement dit a priori religieux qui est dans notre cas celui de Jean Chapuis, il s’avère que l’humain prime d’abord car on s’engage avant tout pour les autres .

 

Néanmoins, où pourrait-on placer la frontière entre engagement pour soi et celui des autres, c’est une question que nous avons notamment exploré lors de notre enquête ethnographique.

 

Au-delà de ce fait, il se pose lors de l’arrivée de ces migrants, la notion de « devoir d’hospitalité ». En effet, en tant que réfugié, le pays qui les accueille doit veiller à les accueillir de manière hospitalière pour éviter la stigmatisation de ce dernier et son rejet. Il faut donc prendre en considération, le vécu pré-migratoire du migrant en ce sens que ce dernier est doté d’une histoire lourde, il porte sur lui le fardeau de la migration et parfois de

l’exil avec toutes les conséquences que cela inclue. Ceci fut omniprésent dans les discours de la SMAM mais aussi dans celui de  « Forum réfugié » en ce sens que pour reprendre les termes une nouvelle fois ici de l’article il s’avère que « Nous les considérons, quant à nous, comme des réfugiés, car dans notre vieille culture méditerranéenne, ce terme induit un devoir d’hospitalité » 1 , à partir du moment où il est reconnu en tant que telle nous pouvons d’une certaine manière faire preuve d’hospitalité auprès de ce dernier. En effet, avant la

reconnaissance officielle en tant que réfugié, nous ne pouvons réellement les accueillir, bien que des bénévoles l’ont fait comme nous l’a confié l’un d’elle, pour eux c’est avant tout humain d’accueillir l’autre en situation précaire que celui-ci soit reconnu juridiquement ou non , c’est un humain avant tout et nous entendons très bien ce point de vue.

 

A l’inverse de ce que nous avance Franz Kafka « Depuis toujours je trouve inquiétant de recevoir dans ma chambre un étranger ou même un ami…Je ne pourrais surmonter qu’à grand peine ma répugnance à recevoir chez moi ». En effet, l’hospitalité est pour certains un devoir, il n’y a pas de tergiversations à avoir là-dessus. C’est ce que nous exprimer Père Michel qui a comme la nostalgie de ce temps où on accueillait les migrants sans prendre en compte de droit ou encore le droit social par exemple. Ce dernier a d’une certaine manière

et pour reprendre les termes de Gérard Bensussan la nostalgie de ce temps où l’accueil des réfugiés et des migrants de manière plus large renvoyer à la « prise en charge vertueuse, privée ou publique, religieuse ou laïque, des pauvres, des étrangers ou des mendiants 2.

 

De ce temps d’une certaine manière , nous ne prêtions « aucune attention à ses contenus, au visage de qui la demande, au simple fait qu’elle ne peut concerner que les vivants » , une nouvelle fois ici on postule l’idée que la demande est faite avant tout par un humain et que les autres facteurs paraissent de ce fait quelque peu obsolètes.

 

Dans le même ordre d’idées, nous avons pu remarquer que c’est cette hospitalité qui d’une certaine manière permettait de former communauté. Nous nous expliquons ici : En effet, en partageant le même but sans pour autant partager les mêmes valeurs, nous tendons à former un groupe restreint autour de l’accueil et c’est le cas notamment de la SMAM qui ne cesse de mettre en évidence cet aspect collectif et en organisant de nombreux événements tout aussi ponctuels (tel que l’apéro dînatoire qui a lieu tous les mois et rassemblant ainsi l’ensemble des bénévoles) événementiels.

 

Au-delà de ce fait, il s’avère que l’accueil, l’hospitalité et l’accompagnement sont des termes qui se rejoignent sur certains points, il existe un « nombre indéfini » de type d’hospitalités qui se matérialise par des actions tout aussi multiples. L’hospitalité, c’est avant tout offrir à l’autre, celui qui se présent comme différent de nous, c’est pour reprendre les termes de Levinas un « critère » et plus encore un « critère de l’humain ».

 

Ainsi, si l’hospitalité est bien établie dans certains cas, il n’en demeure pas moins que celle-ci va parfois de pair ou est en disjonction avec le terme d’hostilité, qui se matérialiserait par un rejet de l’étranger et une exclusion effective. Ainsi, nous assistons à l’avènement pour reprendre les termes de Derrida de l’ « hostipitalité » autrement dit ici l’hospitalité serait vu comme une menace.

 

Cette question de l’inclusion comme de l’exclusion n’est pas sans nous rappeler la condition de l’étranger et ce notamment de la Grèce sous Sparte : Il y’eu en effet, plusieurs types d’étrangers qui se dessinent : En ce sens , nous avions l’ étranger résident ou le métèque , autrement dit ce que l’on appellerait actuellement l’étranger inclus, avec les réussites d’intégration et d’autre part, nous aurions l’étranger de passage , qui lui serait soumis pour reprendre le propos d’Etienne Helmer à «  des modalités d’accueil et d’intégration distinctes » 3 . L’étranger que ce soit dans le cadre de la Grèce Antique ou bien en France est toujours doté de cette ambivalence autrement dit, il peut être vu soit de manière péjorative ou bien de manière positive. Par exemple, ici dans le cadre de la venue des étrangers en Magnésie , les étrangers est vu en tant que « dégradation » , c’est une perte pour la société , il y’aurait ici une sorte de pus valus négative permettez-nous l’oxymore , qui serait présente dans la société . De la même manière, en France, l’étranger peut être perçu comme positif dans le sens où celui-ci apporterait une richesse culturelle mais serait un apport également pour l’économie française si nous nous rappelions par exemple la venue des immigrés lors de la reconstruction de la France après la Seconde Guerre Mondiale. Dans les précédents articles, nous avons traité de l’intégration. Cette notion complexe comprend également le phénomène d’assimilation, en France, dans le cadre de la discipline de la politique comparée, le modèle français est perçu comme assimilationniste, e modèle américain lui serait multiculturel, cela renvoi de toute évidence au passé colonial de la France.

 

De surcroît, ici pour revenir ici à notre parallèle entre a Grèce Antique et la France nous pouvons avancer que « La cité de Platon accueille et intègre, elle n’assimile pas. »

 

Ainsi et pour conclure noter propos , nous pouvons dire que la condition de l’étranger est partager « entre être de la cité et ne pas en être » , être inclus ou bien exclu ou encore être accueilli ou à l’inverse rejeté , il n’en demeure pas moins que ce dernier se situe dans une ambivalence , un entre deux composé de sentiments contradictoire , un monde composé pour reprendre les termes de Deleuze sur sa théorie du rhizome de conjonctions disjonctives ou encore de disjonctions conjonctives , une situation d’entre deux parfois insoutenable…

 


1 CAVALIE, Jean-Pierre. « Droits fondamentaux et hospitalité », Multitudes, vol. 64, no. 3, 2016, pp. 115-119.

 

BENSUSSAN, Gérard, « Difficile hospitalité. Entre éthique, droit et politique », Cités, vol. 68, no. 4, 2016, pp. 15-32.

 

3 HELMER, Etienne, « Inclure/exclure : la cité de Platon face aux étrangers », Cités, vol. 68, no. 4, 2016, pp. 77-90.