L'engagement, une notion aux contours flous


Que decèle la notion d'engagement ? à quel caractère renvoit-elle ? 

 

Parler d'engagement peut recouvrir une mulltitude d'acceptions et de significations, et appliqué à notre thématique de l'Art, nous pouvons restreindre notre champ de propositions pour la défintion de cette notion en réduisant le fait se s'engager, au choix, à l'action. Expliquons nous : 

L'ouvrage de John IRELAND, Sartre - Un art déloyal - Théatralité et engagement, Jean Michel Place, 1994 nous affirme que " fonder un théatre engagé, ou comme il l'a baptisé par la suite, un théatre de situation " (en parlant du théatre Sartrien) ; en effet, parlant de son théâtre, l'on apprend que Sartre " tend à privilégier ses aspects politiques et idéologiques", qu'il existe " plus d'interview pour les pièces plus nettement politiques "  Nous sommes invités à penser que " c'est donc avant tout comme militant que Sartre aspire à commenter ses pièces ". 

 

 Ainsi, s'engager, dans notre cas dans un contexte artistique, est-ce admettre le choix d'une situation ? En effet, l'auteur de l'ouvrage nous dit "  Nous avons tenté de relier la notion de " situation " chez Sartre à certains concepts clés de l'engagement, notamment l'actualité, la collectivité et le rejet des belles-lettres ". De plus, au sens figuré, d'après le CNRTL, une situation est l'" ensemble des conditions matérielles ou morales dans lesquelles se trouve une personne ". Le terme morale peut renvoyer à l'idéologie, et plus largement au fait d'avoir la volonter de s'engager.  

Cette notion de choix est renvoyer à celle de l'action, dans la phrase : " l'action est le but ultime de l'engagement ", c'est pourquoi nous suggérons à présent une définition large de ce que pourrait-être l'engagement : s'engager serait le fait d'agir, de se mettre en action, et de façon plus appliqué, se mettre en action pour une cause ; cause pouvant être de tous type de registres (se lever matin, être actif dans une association, être bénévole, être féministe,...) - vivre, être. Nous notons le verbe être retraçant l'idée d'être quelque chose, quelqu'un, en action et la pluplart du temps pour la bonne cause (dans le contexte de l'engagement), pour aborder de façon plus spécifique cette idée, nous nous sommes appuyé sur les propos de Marc LORIOL et Nathalie LEROUX, dans leur livre Le travail passionné - L'engagement artistique, sportif ou politique (2015). 

 

Dans notre société actuelle et depuis 1980, les activités que pratiquent l'Homme peuvent se valoir pour plusieurs raisons : travailler (être professionnel de) ou travailler par passion, en ne faisant pas devenir prioritaire le rapport temps / argent, visant à être rentable, gagnant. Dans les mondes de l'art, la frontière entre subordination/contrainte et épanouissement/plaisir personnel à travers ce que l'on aime faire est complexe à définir. La "passion" ou " l'engagement de la subjectivité dans le travail" ou encore "l'épanouissement de soi" dans laquelle s'implique l'artiste, n'est pas sans penser la condition de travail. En effet des contraintes demeurent présentes : l'emploi est difficile, la précarité est élevée, la rémunération faible, le cumul d'activités peut dans certains cas s'avérer necessaire, des risques sérieux d'échec et de souffrance physique (ou de tension subjectives) peuvent être nombreuses ; certe, et, de façon générale, l'artiste perdure dans l'activité "envers et contre tout" (nous pensons au musiciens, écrivains, comédiens ou encore acteurs,...). 

Cette contextualisation vise à comprendre ce que les auteurs veulent montrer, et c'est à dire : " les frais des dimensions subjectives du travail artistique justifiant un fort engagement de soi dans une activité pourtant si incertaine (incertaine pour la majorité des artistes " ; d'autant plus que " les artistes sont des acteurs sociaux profondément influencés par le contexte culturel, social et politique dans lequel ils s’insèrent, et bien souvent engagés dans les enjeux de leur époque." (Eve LAMOUREUX dans sa thèse Art et politique). Pour ajouter un aspect à notre définition, nous parlerons de degré d'engagement, qui existerait et serait propre à chacun. De plus, est mit en avant le fait que s'engager demeure un choix. L'une des justifications du fait d'avoir la volonté de s'engager et d'en faire le choix est décrite par la "vocation" ; suite à la réalisation de plusieurs entretiens avec différents types d'artistes (écrivains (Lahire), musiciens (Buscatto, Jouvenet), danseurs et danseuses de l'Opéra de Paris,...), ils suggèrent que cette vocation se réalise, du point de vue des artistes, "sous l'impulsion d'une necessité intérieure, ou encore d'un chox biographique". Ainsi, la vocation et la passion riment : " la vocation s'accompagne le plus souvent de discours affichant aussi une passion pour l'art et l'activité artistique" (l'intensité des émotions, la pratique, la création, le besoin s'expressivité,...). De plus, Selon Olivier DONNAT, en parlant des passions culturelles " être passionné signifie être engagé dans une pratique exigeante qui donne du sens à l'existence ".

En somme, nous pouvons dire que l'engagement peut être passionnel dans un contexte artistique, et cela ne va pas sans penser l'engagement non passionnel dans ce même contexte ; selon une étude de Buscatto, certain(e)s musicien(ne)s assurent des soirées musicales commerciales et nous ajouterons ceux pour qui faire de l'Art est uniquement un plaisir, dans le but de créer du partage.

Nous terminerons par le rapport entre l'engagement artistique et l'engagement de nature politique, comme le montre l'évenement Mai 68 (renvoyer à la page Mai 68) : en effet, de nombreuses oeuvres constestatrices virent le jour lors de cette période. Selon le site du Mucem, le premier mouvement étudiant de Mai 68 appelait une réforme profonde du système universitaire (et plus largement éducatif) Français. Les universités et certaines écoles supérieures sont devenues pendant ce temps de lutte " des lieux de reflexions et d'élaboration de nouvelles formes d'enseignements ". A cette date, les étudiants occupent l'école des Beaux Arts et leur mission était de réaliser des affiches, à l'allure contestatrice (mettre image Mai 68 - début d'une lutte prolongée).
Voici l'explication d'une de ces affiches, étant presenté au Mucem, avec sa signification :  

 

 

" Voici un petit personnage gesticulant, portant un uniforme militaire et un képi de général de brigade à deux étoiles, comme de Gaulle. Mais la tête de ce curieux général a été remplacée par un écran de télévision – celui-là même qui diffusait, d’après les manifestants, la voix du gouvernement – et ses membres sont marqués des sigles des principaux canaux de télévision et de radiodiffusion français : l’ORTF, qui constitue le tronc et l’organe principal de ce monstre moderne, ainsi que RTL et EUR.1 (pour Europe 1), qui forment ses bras menaçants. "